autrecoteBienvenue à la fin des années 80. Bienvenue dans une époque où la France s’américanise doucement, son rap naissant, ses banlieues qui s’étendent et se tendent, son cinéma U.S. de série B. Bienvenue dans un pays mitterrandesque où les « touche pas à mon pote » cèdent le pas à un bling bling rampant, un amour du fric et du pouvoir, où la politique se délite dans une amoralité généralisée : Tapie a remplacé Badinter, des types comme Strauss-Kahn émergent déjà, précédés par les Carignon, Michel Noir …Mais dans cette France changeante, on reste accroché à ses vieilles figures, ses comédies à la Claude Zidi, son Belmondo, ses gauloiseries, son Paris grivois et musée à la fois…

Cette France, c’est celle De l’autre côté du Périph. Une comédie française surannée dont l’intrigue prend place en 2012 comme elle aurait pu en 1988. Tout ou presque sent cette époque. Omar Sy y est un flic intègre de banlieue, croisé entre Eddy Murphy et Intouchables. Laurent Laffitte en est évidemment l’opposé : flic à l’ancienne, arriviste quand l’autre veut faire tomber les puissants, Don Juan  des dernières heures de la nuit alcoolisée quand l’autre élève seul son fils, beauf xénophobe quand l’autre semble tout droit sorti d’un spot de SOS Racisme.

Clubs libertins

Ces deux flics vont mettre à jour un complot politico-syndicaliste-sanglant, un de ceux qui se tracte forcément dans des clubs libertins ou des terrains vagues avec ses représentants véreux qui puent le coupable dès la première minute de leur apparition à l’écran. Image de la politique vieille comme le populisme et qui s’ajoute à la longue longue liste de clichés du scénario.

Entre caricature et franchouillardise, les scènes d’action qui jaillissent de temps en autre dans cette enquête policière prévisible n’en paraissent que plus incongrues et ridicules.

Et derrière ce ridicule transparaît pourtant un film attachant, chaleureux, raté mais sans être vampirisé par d’arrière-pensées mercantilistes. Attachant aussi pour son duo Omar Sy – Laurent Laffite vraiment bien trouvé. Ils auraient pu mener un vrai film populaire plutôt que ce brouillon jauni.

Thibaut Solano

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