maindanslamain Elle n’a que trois films à son actif mais déjà un nombre notable de détracteurs. Que reprochent-ils à Valérie Donzelli ? Sa branchouillardise. Sa mise en scène aux effets trop voyants, sa façon d’étaler sa culture de parisienne, jeune mais bourgeoise-bohème et destinée principalement à son petit monde. Bref, son snobisme.

Des critiques injustifiées pour son précédent et magnifique La guerre est déclarée, dont le succès populaire (900 000 entrées) démentit ce fameux snobisme qu’on lui prêtait. Au contraire, tous ses effets de mise en scène, ses échappées musicales électro y tenaient le rôle de respirations salutaires dans un film particulièrement grave et déchirant.

Dans Main dans la main, c’est exactement l’inverse. Le décalage (de situation, de mise en scène) constitue la majeure partie du long-métrage et c’est le tragique (le thème du cancer, encore une fois) qui brise l’ambiance de temps à autre. Un peu bancal, il faut bien le dire.

 Fou-fou 

L’histoire est celle d’un vitrier de province et de la directrice de l’Opéra de Paris qui se retrouvent collés – physiquement – l’un à l’autre, un beau jour, sans savoir pourquoi. L’un et l’autre ont pourtant déjà quelqu’un à leur côté, inséparable : lui sa sœur, elle sa meilleure amie. Donzelli filme donc ces trois couples avec légèreté, profitant de son postulat fou (ou disons fou-fou) pour multiplier les situations cocasses : certaines amusent, d’autres tombent à plat. Tout comme le discours sous-jacent sur la solitude…dans le couple.

Ce qui agace (plus ou moins, selon son degré d’appréciation des sphères boboisées), c’est surtout sa vision de la province qui n’est même pas la province mais la campagne et encore, c’est même pas la campagne, c’est carrément la bouse. Le miroitier de « province » vient en fait de Lorraine et les Lorrains n’apprécieront probablement pas cette peinture maussade de leur région, où les poules font office de compagnie et le ciel gris de météo.

Heureusement, il reste le duo Valérie Lemercier – Jérémie Elkaïm, dont le charisme, l’alchimie et tout simplement la sympathie rattrapent quelques gags ratés et caricatures.

Thibaut Solano

À propos de allucine

Journaliste et cinéphage

Laisser un commentaire